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Great Escape de retour au Lac Champlain

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Après trois saisons à naviguer sur le Fleuve depuis son port d’attache à Lévis et plusieurs améliorations effectuées chez Boulet Lemelin en 2014, Great Escape est retourné au Lac Champlain, États-Unis à l’été 2015. Des changements professionnels nous ont en effet ramenés à Montréal, mon capitaine Alain et moi.

Nous gardons un souvenir indélébile des moments passés sur le Fleuve dans la région de Québec et du Saguenay. J’espère que nous retrouverons un jour ce fleuve majestueux avec ses marées, ses courants, ses mammifères marins et l’accueil chaleureux de ses ports de mer animés par de véritables marins passionnés.

C’était tout de même un bonheur de renouer avec la magnifique mer intérieure qu’est le Lac Champlain avec ses multiples baies tranquilles au pied des montagnes. Nous y avions navigué de 2004 à 2009.

Après deux saisons à refaire mes marques sur ce plan d’eau, je me suis donnée comme défi à l’été 2017 d’enfin sortir avec Great Escape, non plus comme coéquipière engagée, mais comme capitaine assumée ! Avec mes copines Valérie et Carmelle, on a bravé le vent et la pluie. Que de plaisir nous avons eu.

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On a renouvelé ce plaisir à l’été 2018. J’ai aussi élargi le cercle des initiées en embarquant cette année Kelly-Anne, une fine connaisseuse du Lac Champlain et de ses attraits. Et puis, j’ai même effectué mon premier weekend en solo ! Les vacances estivales passées avec Capitaine Alain sont toujours des moments magiques, tout comme les moments où nous pouvons accueillir la famille ou les amis à bord, le temps d’un weekend.

Je propose de vous retrouver à l’été 2019 pour d’autres aventures de Julie à la voile. D’ici là, portez-vous bien. Et bon vent à ceux et celles qui sont toujours en mer !

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Une invitation à prendre le large

Photo 6088 décembre 2012. Chers Amis de la mer,

Si vous avez envie de vivre ou de revivre en sons et en images notre périple de voile jusqu’à St-Pierre et Miquelon depuis Québec, je vous invite alors à la conférence que je donnerai avec mes coéquipiers de l’Arquebuse le mercredi 12 décembre prochain à 19h à Québec à l’Amphithéâtre du Cégep F-X-Garneau au 1660, boul. de l’Entente. Il s’agit d’un événement organisé par La Barque. Pour les non-membres, l’admission est de 10 $. Au plaisir de vous y retrouver en grand nombre !

Photo de Rivière-au-Renard, tirée du blogue de juliealavoile

Photo de Rivière-au-Renard, tirée du blogue de juliealavoile

Par ailleurs, j’étais très heureuse d’apprendre récemment que le blogue de juliealavoile est à jamais immortalisé à la Caisse des Hauts-Phares à Rivière-au-Renard ! Une installation toute
récente de la part d’Envirotech. Merci pour cette belle visibilité !

On se réconcilie avec le Fleuve… ou presque

300Jeudi 23 août 2012, 10 h 30. On arrive enfin à St-Jean-Port-Joli complètement épuisés de notre périple de six heures (32 miles nautiques) depuis Cap-à-l’Aigle dans le Charlevoix. Nous étions partis aux petites heures du matin dans une mer calme, à peine 3 à 5 noeuds de vent. La journée s’annonçait tranquille. Mais comme toujours sur le Fleuve, on peut avoir des surprises. Et on en a eues encore ce jour-là. Arrivés à la hauteur de l’Île-aux-Coudres, le vent s’est levé. D’un coup. Un vent du sud-ouest contre la marée montante. Au-dessus de 20 noeuds. Nous avions décidé de naviguer par la traverse du milieu, plutôt que la traverse St-Roch, afin de se faire moins brasser. Arrivés au bout de la traverse, on a pris un cap sur St-Jean-Port-Joli. On était dans une mer un peu désorganisée mais on arrivait à bien gérer la situation. Et puis, une déferlante est arrivée par tribord. J’ai vu le bateau se faire coucher sur le côté, le mat s’incliner dangeureusement. J’étais à la barre et n’ai pas pu faire grand chose malheureusement. C’est arrivé tellement vite, avec tellement d’énergie. Qu’à cela ne tienne, nous avons sorti les voiles étant maintenant vent travers à bon plein. Cela nous donnerait un peu plus de stabilité. Trois ris sur la grand-voile, petit génois. J’ai lu des pointes à 28 noeuds sur l’anémomètre. Arrivés à bon port à St-Jean-Port-Joli, je n’avais envie que d’un gros hamburger et des frites ! On est allé au Café Bistro O.K. en haut du bassin de la marina. On était complètement livide. On a mis une heure à nous remettre de nos émotions. Je sais bien que ça n’a rien à voir avec le Volvo Ocean Race ou le Vendée Globe mais pour des plaisanciers en vacances, on peut dire que c’était de la voile extrême. Le pire, c’est qu’on a aimé ça… Aller savoir.

121Cette très courte saison sur le Fleuve – huit jours seulement ! – nous aura tout de même permis d’essayer notre nouveau génois et de nous réconcilier avec le St-Laurent… ou presque. En fait, après trois ans de navigation sur le Fleuve depuis Québec, j’ai compris qu’on se déplace rarement à voile pour aller d’un point A à un point B, contrairement au Lac Champlain où nous ne nous déplacions que portés par le vent ! Sur le St-Laurent, il y a trop de contraintes (ça s’améliore en aval de Rimouski comme me l’a rappelé mon ami Facebook Yves Plante). Les marées, les courants, les grandes distances à parcourir, le peu de temps pour le faire avant que la marée ne change de bord, et le vent. Ou bien il souffle abondamment ou bien il ne souffle pas du tout. Pas moyen de faire de la voile dans du petit temps. En tous les cas, je n’en ai pas encore eu la chance. Ça peut donc parfois être très frustant. Alors, quand on a envie de faire de la voile, et bien, on attend les conditions favorables, puis on sort vers le large et on revient au port. C’est ce que nous avons fait avec Norman, mon beau-frère préféré, que nous initions pour la première fois. Il est venu nous rejoindre à St-Jean-Port-Joli en plein chants marins, avec sa femme Chantal, et nous avons fait une très belle sortie vers les battures Louis Marin, avec en prime à bord, premier officier Martin, mon coéquipier de l’Arquebuse (voir la rubrique Destination St-Pierre et Miquelon). Une belle petite sortie de deux heures, en fin de journée, dans 15 à 20 noeuds de vent, avec un peu de vagues. Tu as été très bon Norman de sortir dans ces conditions pour une première et d’avoir tenu la barre comme un grand chef.

241Autre grand coup de coeur de la saison: notre nuit passée au mouillage à « Brandy Pot », un site où on peut s’ancrer de façon sécuritaire près des îles en plein milieu du Fleuve, en face de Rivière-du-Loup. On est arrivé en fin de journée, après 51 miles nautiques et six heures de navigation depuis St-Jean-Port-Joli. Des rorquals nous attendaient. Mis à part eux, on était seuls au monde ! On s’est ancré au sud de l’île au phare étant donné le petit nordet. Et oui, il a fallu garder tuque et foulard pour l’apéro. Mais on a été tranquille pour la nuit, à l’abri des courants de marées, avec en prime un petit-déjeuner sous un agréable soleil. Pour s’y rendre, on avait descendu la traverse St-Roch, vent et marée dans le même sens cette fois-ci. On a filé à plus de 11 noeuds à cause des courants. C’était impressionnant ! Tout au long de la route, on a vu des phoques, des bélugas et encore des rorquals, et avons longé la magnifique côte du Bas-St-Laurent.

067On aura bien profité de l’édition 2012 des chants marins à St-Jean-Port-Joli avec ses courses, ses conférences, ses spectacles de danse et la bonne compagnie des amis et de la famille qui passaient par là. Oui, le Great Escape peut aussi être un lieu de retrouvailles où il fait bon vivre. Je garderai un souvenir mémorable de tous ces instants. Également de la conférence d’Henri Beaudout qui traversa l’Atlantique Nord en radeau en 1955-1956 et qui nous présenta son film Les Égarés. Nous avons passé de bons moments également à la conférence d’Huguette et de Pierre sur Pierre-de-Lune-II qui rentraient d’un très long périple de voile autour du monde. Et que dire du magnifique spectacle de la troupe Fleuve Espace danse sur les berges du Fleuve au coucher du soleil. Je me rappelerai à jamais de France Geoffroy qui a dansé en première partie en fauteuil roulant avec Tom Casey. C’était très touchant et d’une grâce inimaginable.

272Et puis, il y a aussi eu ces moments de détente à Cap-à-l’Aigle et nos nombreuses sorties de course à pied le long du Fleuve, dans les villages et sur les collines du Charlevoix. Je me suis effectivement mise à la course à pied bien sérieusement à la fin juin. Une paire de souliers, ça se range très bien à bord et ça nous permet de bien se délier les jambes après une sortie en mer. Une autre belle façon de voir le Fleuve et ses villages. J’aurai l’occasion de vous reparler. D’ici là, bon vent et à bientôt sur juliealavoile.

Semaine exaltante sur les quais de la Transat Québec-St-Malo : l’expérience d’une bénévole

Dimanche 22 juillet 2012, 8h45. Les 22 monocoques et 3 multicoques de la Transat Québec-St-Malo quittent le bassin Louise. À 11h20 ce jour-là, le premier départ de la 8ième édition de cette plus ancienne course hauturière, sans escale et en équipage disputée d’ouest en est, sera donné. Destination: St-Malo, France à 2897 miles nautiques de Québec (5365 km). Les coureurs arriveront-ils à battre le record de Loïck Peyron qui avait réussi la traversée en 7 jours, 20 heures et 24 minutes en 1996 ?

Ce premier coup de canon clôturera également neuf jours de festivités au Village de la Transat dans le port de Québec. Neuf jours intenses et mémorables lors desquels le soleil et le vent étaient bien au rendez-vous, sauf pour une journée alors qu’il a tombé des trombes.

Neuf jours lors desquels des milliers de visiteurs ont aussi pu descendre sur les quais pour y admirer ces formules un de la mer et y croiser leurs coureurs, profiter des conférences de skippers offertes au bar à vin flottant AOC du Languedoc ou encore des spectacles au Pub Archibald, visiter le Roter Sand, nouvelle acquisition de l’école environnementale en mer ÉcoMaris ou encore monter à bord du Marie-Clarisse qui fait partie de notre patrimoine maritime.

À l’espace Naviguez pour la Faune, petits et grands ont pu parfaire leurs connaissances sur les espèces fauniques et florales que les coureurs allaient rencontrer lors de leur descente de ce magnifique fleuve Saint-Laurent. Les enfants ont pu rencontrer de vrais pirates, peindre sur voile avec Souffle artistique et se faire maquiller à la Place de la famille. Les gens de St-Malo étaient là également, tout comme les amateurs de bateaux de bois en miniature ou sur l’eau.

Tous ces visiteurs ont pu apprécier les activités offertes et découvrir les plaisirs de la voile grâce à une formidable équipe de bénévoles présente sur le site. Nous étions plus de 200 « embauchés » par Gestev, le grand gestionnaire de cet événément, afin de s’assurer que l’expérience soit mémorable pour le grand public et les médias.

Avec notre superbe Évelyne, coordonnatrice aux bénévoles chez Gestev

Pour ma part, j’ai eu le grand bonheur d’être « promue » responsable de l’équipe Information-sécurité sur le site. Au final, ce sont plus d’une cinquaine de personnes que j’aurai eu le plaisir d’encadrer pendant sept jours en continu. Et quelle expérience ! Vivant à Québec depuis trois ans, je ne voulais pas, cette fois-ci, manquer la Transat. J’avais donc prévu prendre mes vacances à ce moment-là afin de traîner sur les quais. C’est par hasard que j’ai appris que Gestev cherchait des bénévoles. Pourquoi alors ne pas m’impliquer pleinement ?

En compagnie de deux bénévoles dévoués: Robert, souvent attitré aux pontons et Yves, notre spécialiste du village de la Transat

Plusieurs bénévoles se sont impliqués comme moi pour leur passion pour la voile. Ceux-là, jeunes et moins jeunes, aimaient bien les postes aux écluses ou près des pontons. D’autres, maintenant retraités, souhaitaient donner de leur temps à Gestev, voile ou pas, afin de rencontrer plein de gens et lier de nouvelles amitiés. D’autres étaient un peu professeur dans l’âme et aimaient bien raconter, partager leurs savoirs. Je tentais alors d’attitrer ces derniers à l’accueil des visiteurs. Certains ont voulu oublier, le temps d’un instant, un frère malade dont on s’occupe, un mari décédé. D’autres espéraient secrètement rencontrer l’âme soeur… Peu importe les raisons de leur implication, tous avaient en commun le même objectif: faire en sorte que la Transat Québec-St-Malo soit une réussite ! Et je crois bien que grâce à leur énergie, leur bonne humeur et leur motivation, ce pari a été gagné ! Merci à vous tous et merci aussi à toute l’équipe de Gestev, en particulier Évelyne, Valérie, Nancy et Caroline, coordonnatrices des bénévoles, pour cette formidable et riche expérience d’implication.

Sur une note plus personnelle, je garderai un souvenir mémorable de nos amis italiens sur Vento di Sardegna que j’avais le plaisir de saluer tous les jours: « Buongiorno ! » Du sympathique skipper Louis Duc sur Avis immobilier et ses bisous auxquels j’avais droit tous les matins ! De cette conversation avec le skipper Erwan Leroux sur FenêtréA Cardinal 3: « Alors, m’avait-il demandé, qui va gagner la course vous croyez ? » « Mais vous bien sûr ! » avais-je répondu (avais-je le choix ?). Au moment d’écrire ces lignes, faut croire que j’avais eu un bon flair: Erwan arrive à St-Pierre et Miquelon, bien en tête à plus de 110 miles nautiques de son plus proche concurrent. Je me rappellerai aussi de cette entrée au quai remarquée du skipper Gilles Lamiré et son équipage sur Défi Saint-Malo Agglo. Étant donné les forts vents ce jour-là, il avait eu besoin d’assistance pour la manoeuvre, somme toute impressionnante.

Mon petit moment avec le Dr. Patenaude

Je garderai également un souvenir mémorable du Dr. Patenaude qui me saluait aussi gentiment tous les matins et qui avait accepté, malgré son horaire très chargé, de prendre une photo avec moi. Bon vent sur Persévérance Dr. Patenaude. Vous êtes un modèle de courage et de détermination absolument extraordinaire. Je salue aussi le skipper Denis Van Weynbergh et ses diabétiques sur Proximédia.

Conférence de nos trois skippers québécois: Georges Leblanc, Éric Tabardel et Robert Patenaude, entourés de Louis Hardy et de Michelle Cantin de Formation nautique Québec

Je garderai un excellent souvenir de la conférence avec nos trois skippers québécois organisée par Formation nautique Québec et de mes discussions avec l’équipe de Georges Leblanc. Enfin, je garderai un souvenir absolument indélébile de tous « mes » chers bénévoles. Leur bonne humeur et leur fidèle implication, que la canicule et la pluie n’ont aucunement affectées, resteront à jamais gravées dans ma mémoire et dans mon coeur.

Une des images du départ de la Transat. Erik Nigon (Vers un monde sans sida) et Gilles Lamiré (Défi Saint-Malo Agglo) entourent Georges Leblanc (Océan Phénix) et leurs équipages

Vous pouvez suivre en direct la traversée des coureurs grâce à l’application Korem développée à cet effet, ou encore en visitant le site Web de la Transat, sa page Facebook ou son compte Twitter. On peut également entendre régulièrement les skippers grâce aux vacations de la TransatÉric Tabardel et son équipe partagent leurs impressions sur Bleu à l’émission Première heure à la radio de Radio-Canada. Le journaliste du Soleil, Simon Boivin, est aussi à bord de EDF Énergies nouvelles et publie régulièrement dans ce quotidien leurs péripéties. S’il n’a pas le mal de mer, le skipper David Augeix le gardera à bord, passé St-Pierre et Miquelon. Enfin, Georges Leblanc a une chronique dans le Journal de Montréal/Québec. Chers coureurs et chers bénévoles, merci à nouveau pour cette semaine exaltante et que la mer et les vents vous soient à jamais favorables !

Petite cure de jouvence pour Great Escape

Vendredi 8 juin 2012, 11h. Great Escape, bien installé sur son ber roulant, se fait descendre doucement dans la rampe de mise à l’eau au Parc nautique Lévy. Dans quelques minutes, notre Bénéteau 32S5 sera sur le Fleuve pour une autre saison. Un moment toujours excitant mais délicat. Au moment opportun, capitaine Alain démarrera le moteur. Moussaillon Julie s’assurera que Great Escape glissera bien hors du ber; sa quille à ailette ayant tendance à s’y accrocher. Faudra alors pousser délicatement sur les guides du ber pour le libérer. Somme toute, la manoeuvre se déroulera parfaitement; les vents légers aidant.

Il nous aura fallu une douzaine de jours de travail ce printemps pour remettre Great Escape en état de prendre la mer. On a enlevé les toiles hivernales, rebranché les batteries, lavé la cale et le réservoir d’eau, nettoyé les cabines, replacé les coussins, fait l’inventaire des items de sécurité et de premiers soins.

On a aussi réinstallé tous les planchers qu’on avait sortis l’automne dernier afin de les amener chez parrain Florent pour une vraie cure de jouvence. Great Escape a plus de 20 ans. Je crois que ses planchers n’avaient jamais été sablés ni revernis. Ils ont manqué un peu d’amour au fil des ans… Parrain Florent a tenu à préciser : « Ils n’en ont pas manqué; ils n’en ont pas eu pantoute ! » Florent, assisté de tante Diane, aura eu besoin d’une quarantaine d’heures au cours de l’hiver pour remettre les planchers en état. Le résultat est absolument magnifique.

Quant à l’extérieur, on a dû refaire la peinture antisalissure, ce qui implique nécessairement de couvrir le bateau afin de retenir la poussière de sablage. Une étape très salissante. Faut mettre la combinaison et le masque. Je ne m’y habituerai jamais !

Il a aussi fallu nettoyer la coque, la poncer et la cirer; idem pour le pont, le cockpit et la jupe. On a frotté le chrome, nettoyé le compartiment de pont et le BBQ, rempli la bonbonne de propane. On a également réparé un des puits de lumière qui coulait et réinstallé une balancine; le cordage ayant cédé lors d’une de ces tempêtes de vent l’automne dernier.

J’ai donc ressorti mon kit d’épissure et puis, tant qu’à travailler le cordage, pourquoi ne pas tous les revoir et s’exercer aux surliures ! Capitaine Alain s’y est mis également; il avait donc hâte à cet atelier de matelotage ! Il trouvait cela moins drôle lorsqu’il a fallu le monter dans le mat pour y filer la balancine et vérifier l’accastillage. Cette opération suscite toujours beaucoup d’intérêt (pour ne pas dire d’amusement) de la part des voisins : « Et puis, vous allez le laisser hissé dans le mat votre capitaine ? » Bien sûr que non ! J’en avais besoin pour la mise au point du moteur et du gouvernail 😉 Et puis, pour finir, on a installé les voiles, le lazyjack, le dodger et le bimini.

En fait, on n’a jamais fini sur un voilier; il y a toujours quelque chose à réparer. Alors qu’on pensait cette fois-ci avoir tout terminé, on s’est rendu compte que le feu de demi-mat et de pont ne fonctionnait plus. Sans doute la connection électrique qui s’est défaite lorsqu’on a passé la balancine. Et puis, toujours ce cockpit dont les lattes en plastique se décolent. Faudrait tout refaire en teck. J’ai insisté pour qu’on remette ce projet à l’an prochain; le Fleuve nous attend !

Je dois quand même avouer qu’on a beaucoup de plaisir à travailler sur notre voilier; presqu’autant qu’à le naviguer… Surtout lorsque les travaux sont prétexte pour des retrouvailles familiales ou entre amis, comme la fois où Arnaud, fils de capitaine Alain, et sa copine Raphaëlle, sont venus nous aider. Ou encore lorsque cousine Nathalie et son fiancé Patrick, ou encore Nicole et son capitaine Marcel sont venus prendre l’apéro.

Presqu’autant, puisqu’on attend un nouveau génois. On commence à avoir des fourmis dans les jambes et très hâte de prendre le large afin d’essayer cette nouvelle voile. Dans l’intérim, nous aurons le plaisir de nous impliquer comme bénévoles dans le cadre de la Transat Québec-Saint-Malo dont le départ sera donné le 22 juillet prochain. Une histoire à suivre. D’ici là, bonne saison et bon vent !

Chers amis de la CONAM, merci de m’avoir reçue !

Mercredi 2 mai 2012, 19h45. La salle est pleine à craquer. Il doit bien y avoir 300 personnes. Devant moi, des vieux loups et des vieilles louves de mer. Des gens qui ne sont jamais montés à bord d’un voilier également. Chantal me présente bien cordialement. Tout au long de cette conférence que je m’apprête à donner, Chantal sera comme mon phare. Elle s’assurera que je naviguerai aisement à travers mes diapos. Au besoin, il était entendu qu’elle interviendrait. C’était bien rassurant de la savoir à mes côtés, complice du succès de cette conférence. Puisque j’avoue que les premiers instants ont été un peu déstabilisants, comme une bonne vague, un peu inattendue. Vous étiez tous là, silencieux et attentionnés, à attendre mes premiers mots. J’étais bien impressionnée sur le podium. Et puis, j’ai largué les amarres et me suis lancée.

Après avoir publié tout au long de l’année plusieurs bouts de mon blogue dans son journal « Le Radeau-teur », la CONAM m’avait invitée à donner une conférence sur cette formidable aventure de navigation à la voile jusqu’à St-Pierre et Miquelon depuis Québec. L’occasion rêvée pour revisiter cette magnifique odyssée maritime et humaine et de partager avec des passionnés de voyage les coups de coeur et les péripéties de ce périple. 

Et quel bonheur de retrouver ce soir-là mes coéquipiers de la Petite traversée 2011 ! Ils étaient presque tous là: Gaétan, Daniel, Raymond, Pepe et Martin d’Harmonie; Alain et Thérèse de China Cloud; Marc et Carole de Néo-vent; Jean, Bruno et Bernadette d’Illico. C’était bon de les retrouver et de prendre de leurs nouvelles. Gaétan et tous ses équipages s’apprêtent à réaliser une traversée atlantique; le départ est prévu pour la mi-juin. Martin s’entraîne pour devenir Ironman. Marc et Carole ont acheté un nouveau voilier. J’étais bien heureuse de pouvoir raconter, en leur compagnie, notre aventure et, par le fait même, de la leur faire vivre et revivre.

Il y avait tant à dire sur ce voyage de 730 miles nautiques en 12 jours qu’il a fallu faire des choix. Et puis, cette conférence était un témoignage bien personnel: l’histoire de Julie à la voile telle que vécue sur Arquebuse. Je me suis concentrée sur mon expérience de la préparation du voyage, les impressions avant le départ, la navigation, l’essentiel de la vie à bord et dans les ports, l’accueil formidable des Saint-Pierrais. Quelques mots sur les coups de coeurs, mais aussi les difficultés. Puisqu’il y en a eues. La première nuit de la traversée en mer, 3 des 5 voiliers de la Flottille se détourneront vers les Îles-de-la-Madeleine pour causes d’avaries et d’équipiers malades. D’ailleurs, grâce à une vidéo que Martin Aubé nous avait préparée pour l’occasion, les auditeurs de la CONAM ont pu voir, notamment, des images de cette première nuit dans une mer de 6 à 7 pieds sous 20 noeuds de vent. Harmonie et Arquebuse rallieront l’arrivée à St-Pierre après 4 jours en mer. Un voyage exigeant qui nous a tout de même laissé avec un extraordinaire sentiment d’accomplissement. Et puis, il y a cette fabuleuse rencontre avec la mer qui restera gravée à jamais dans mon coeur et dans mon corps. À de nombreuses reprises, je m’y suis sentie bercée, ne faisant qu’un avec l’univers…

Chers amis et chers organisateurs de la CONAM, merci donc de m’avoir reçue si gentiment et si chaleureusement. Merci de m’avoir permis de revivre avec vous ces beaux moments. Et merci d’avoir pu les faire vivre également aux passionnés des mers. J’espère vous avoir donné le goût de réaliser vos rêves, même les plus fous. Et comme disait notre bon ami Claude L’Espagnol, commodore du Yatch Club de Saint-Pierre (YCSP), « que les vents vous soient à jamais favorables ».

Naviguer sur le Fleuve… en canot à glace !

Dimanche 4 mars 2012. Il fait un temps magnifique. Le temps doux et le soleil sont au rendez-vous. On ne pourrait demander mieux comme conditions météorologiques pour cette initiation au canot à glace sur le fleuve Saint-Laurent !

Dans le cadre de la 16e édition du Grand Défi des Glaces, le grand public, dont je suis, peut en effet s’initier à cette activité extrême qui nécessite endurance, force et détermination. Présentée la veille, cette course de canot entre Québec et Lévis représente la grande finale d’un circuit de cinq courses organisées par le Circuit québécois de canot à glace. Ainsi, après la course entre l’Isle-aux-Coudres et St-Joseph-de-la-Rive, la course entre Québec et Lévis dans le cadre du Carnaval de Québec, la course entre Portneuf et Pointe-à-Platon, et la course entre la marina de l’île-St-Quentin située à l’embouchure de la rivière St-Maurice à Trois-Rivières et le quai de Ste-Angèle-de-Laval à Bécancour, celle du Grand défi permet de couronner les équipes championnes de la saison dans trois catégories: Élite homme, Élite femme et Sport.

J’avais eu le plaisir de rencontrer Thierry de l’équipe La Barberie dans la catégorie Sport l’année précédente à l’occasion de l’anniversaire de ma cousine Nathalie. Thierry nous avait gentiment ouvert la porte: « Si vous voulez essayer ça un jour, n’hésitez pas à me recontacter. » Cette phrase n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. J’y ai pensé à plusieurs reprises alors que je naviguais le fleuve l’été dernier, soit sur Arquebuse en route vers Saint-Pierre et Miquelon ou sur Great Escape en route pour le Saguenay. Je m’étais bien promis que je le naviguerais, ce magnifique fleuve Saint-Laurent, en plein hiver. Mais je n’avais vraiment aucune idée de ce que le canot à glace pouvait représenter…

Selon la Société québécoise d’éthnologie, la traversée du fleuve Saint-Laurent en canot à glace était déjà pratiquée par les Amérindiens à l’époque de Champlain. Elle donna naissance à un métier – celui de passeur – puis à un sport. Selon le site Web de  l’Association des coureurs en canot à glace, plus de deux cents canotiers, surtout de Lévis, assurent la traversée des personnes et des marchandises dans les années 1860. Les bateaux à vapeur capables de traverser le champ de glaçons vont faire disparaître les canotiers et cette pratique traditionnelle à la fin du XIXe siècle. C’est dans le cadre du Carnaval de Québec, en 1894, qu’une première course sportive est organisée. Il faudra attendre jusqu’au 1er février 1931 pour revoir une autre grande course devant Québec, puis 1955 avant que la course Québec-Lévis prenne place tous les ans; une activité phare du Carnaval de Québec. En 1984, des femmes joindront les rangs des canotiers. Des équipes entièrement composées de femmes verront le jour en 1987. Autant les Lachance de Montmagny et de l’Isle-aux-Grues était l’équipe à battre pendant une quinzaine d’années depuis 1935, autant celle dirigée par Jean Anderson, commanditée par le Château Frontenac, est aujourd’hui l’équipe à battre depuis plus de 25 ans.

Rendez-vous donc à la Salle des débardeurs dans le Vieux-Port de Québec afin de revêtir l’équipement nécessaire à cette petite sortie dominicale: bas de néoprène, crampons, protection pour les genoux et les tibias et veste de sauvetage. On avait bien pris soin de nous demander de nous habiller comme si on allait courir ou faire du ski de fond et d’apporter de l’eau en masse, puisqu’on était pour avoir chaud et soif. Je vous le confirme ! Rendez-vous ensuite dans le bassin Louise, sur les glaces, où nous attend Thierry, notre barreur sur La Barberie, pour une introduction aux rudiments du canot à glace. Thierry me demande d’occuper la position « arrière tribord ». On assignera la position « arrière babord » à mon capitaine Alain. Julien et Bruno, deux autres canotiers de La Barberie, combleront les positions « avant tribord » et « avant babord ». Cinq canotiers au total sur un canot de 28 pieds, dont le poids varie entre 250 et 300 livres. Thierry nous explique comment prendre place dans le canot, comment tenir l’aviron et surtout comment pivoter pour pouvoir trottiner. Ah ! La trottinette. L’art de se tenir sur un genou appuyé dans le canot, tout en poussant avec l’autre jambe à l’extérieur du canot, les crampons bien plantés dans la glace ou à flotter dans le frasil – c’est selon – au rythme des commandes du barreur. Après ces quelques explications, on se réchauffe et hop on est parti.

On commence par pousser le canot sur les glaces en trottinant. Cet exercice de force sollicite déjà pas mal mon cardio. On continue de pousser sur cette surface relativement lisse jusqu’en eau libre. Thierry nous ordonne de monter dans le canot. On pivotte, on attrape les avirons et hop on avironne. Je n’avais pas réalisé, jusqu’à ce jour, que le canot à glace est d’abord et avant tout de l’aviron. Et qui dit aviron, dit ramer dos à la direction poursuivie en suivant le rythme du canotier tribord arrière. Bref, on ne voit pas très bien où on s’en va. Il faut donc s’en remettre au barreur qui nous crie ce qui s’en vient devant. « Glace à 300 pieds ». « Glace à 200 pieds ». « Glace à 100 pieds ». « Attention, trois, deux, un. Hop en avant ! » Les canotiers qui occupent les positions avant bâbord et avant tribord doivent alors pivoter et trottiner afin de monter le canot sur les glaces pour les franchir. Ils doivent parfois sortir du canot pour le faire, la trotinnette étant insuffisante. « Hop en arrière ». C’est maintenant à mon tour de pivoter. Il faut vraiment attendre le bon moment sinon les canotiers en seront déséquilibrés et le canot risquera de chavirer.

Je me rappelle avoir senti mon coeur battre très fort dans ces premiers moments d’initiation. Pas seulement à cause de l’effort physique que cela demandait, mais aussi du courage qu’il fallait pour se lancer dans cette eau glacée à la recherche du meilleur passage à travers les glaces. C’est à ce moment-là que j’ai également compris que le canot à glace, c’est un formidable sport d’équipe. Il faut savoir être stratégique mais aussi synchro. Au bout d’une vingtaine de minutes, on s’arrêtera en plein milieu du fleuve, bien montés sur les glaces, pour reprendre son souffle. On contemplera alors quelques instants ce fleuve tranquille et silencieux, tout en dérivant doucement. « Allez on remonte » nous annonce Thierry en nous sortant de notre bulle. Les canotiers avant ont alors tourné le canot de 180 degrés et on a refait le même exercice.

Au retour, j’ai bien profité du moment où nous pouvions avironner. « On relaxe. L’aviron est fait pour se reposer » nous a lancé Thierry avec le sourire. Façon de parler puisqu’avironner demande tout de même un certain effort. « Glace à bâbord ». On essaie alors de planter l’aviron avant ou après cet amas de glace afin de demeurer efficace. « Glace en avant ». On anticipe la manoeuvre. « Attention, trois, deux, un. Hop en avant ! Hop en arrière ! » Nous revoilà sur les glaces à pousser le canot dans le bassin Louise. Julien et Bruno nous ont mis au défi en tentant d’accélérer la cadence par intermittence. Ils voulaient vraiment nous faire mourrir, nous (capitaine Alain et moi-même) qui n’étions pas du tout entraînés pour cette sortie, alors qu’eux s’y entraînent depuis plus de cinq mois maintenant.

« Aujourd’hui comme hier, chaque traversée, souvent pratiquée dans des conditions extrêmes, est une victoire sur les éléments. Une victoire rendue possible grâce au génie inventif d’artisans, qui ont su améliorer les embarcations pour les rendre plus sécuritaires et plus performantes, mais aussi d’athlètes, hommes et femmes, qui perpétuent une tradition vieille de plus de quatre cents ans. Les nouvelles générations de canotiers sont en effet les héritières d’une longue chaîne de porteurs de savoirs et de savoir-faire. Symbole particulièrement fort de la nordicité québécoise, le canot à glace évoque aussi le lien qui unit depuis toujours les deux rives du fleuve et les îles quelles qu’en soient les conditions climatiques et environnementales. » (Tiré de l’excellent livre « Naviguer en canot à glace: un patrimoine immatériel » de Richard Lavoie aux Éditions GID; je vous le recommande)

Mon humble expérience de 45 minutes à pousser le canot sur les glaces, à ramer et à trottiner à grosses gouttes comme une déchaînée, m’aura effectivement donné un bref aperçu du courage, de la force et de la détermination qu’il faut pour braver, en équipe et à bord d’une petite embarquation, le magnifique fleuve Saint-Laurent, ses glaces et ses courants. Pour vous en convaincre, je vous invite à visionner l’excellent reportage de l’émission française Thalassa réalisé lors de la course dans le cadre du Carnaval de Québec en février dernier et intitulé « Givrés du canot ».

Ne me reste plus qu’à remercier infiniment Thierry et toute l’équipe de La Barberie pour cette formidable sortie. Merci également à Felix qui nous a organisé cette magnifique journée. Et rendez-vous à La Barberie afin de partager une bière à votre santé, question de préserver les traditions.

Au pays de Riopelle

Île-aux-Grues

Automne 2011. J’ai toujours eu un amour particulier pour l’eau. J’ai grandi sur le bord de la rivière Richelieu. J’y ai passé beaucoup de temps à naviguer en canot ou à randonner à vélo le long de la rivière. J’ai des souvenirs mémorables de mes nombreux séjours au bord du lac à Ste-Émilie-de-l’Énergie lorsque j’étais dans les Scouts, des sorties de pêche avec papa dans le Charlevoix, des randonnées pédestres à la découverte de la xième chute à travers le Québec. Je nage régulièrement depuis 25 ans.

Avec un père et un frère tous deux pilotes, on pourrait dire que j’ai aussi un peu de sang de navigateur dans les veines. C’est bien pratique à bord d’un voilier. Or, contrairement à eux, je n’ai jamais eu envie de m’envoyer en l’air – si vous me permettez l’expression – aux commandes d’un avion; ça me semble beaucoup trop compliqué. Naviguer un voilier, bien posé sur l’eau, me convient amplement. Je suis par contre très bonne passagère lorsque vient le temps de prendre l’air, comme à chaque automne lorsqu’on se paie une petite visite chez tante Yolande et oncle Jean-Marie à l’Île-aux-Grues, lorsque les oies y sont aussi. Et j’ai cette chance extraordinaire de pouvoir monter à bord du petit avion de papa afin de m’y faire conduire avec en prime la plus belle vue sur le Fleuve.

Parc nautique Lévy

Vu des airs, le Saint-Laurent est vraiment magnifique. D’un calme olympien, on a peine à croire qu’on peut parfois s’y faire brasser. Et que dire de tous ces quais libérés de leurs embarquations, de toutes ces marinas au repos : Vieux-Port de Québec, Saint-Laurent à l’Île-d’Orléans, Saint-Michel-de-Bellechasse et bien sûr le Parc nautique Lévy où dort Great Escape. Oui, cette balade aérienne nous donne une toute autre perspective sur le grand bleu. Et cette relation particulière avec le Fleuve, cet amour de l’eau, on peut aussi le vivre à 2000 pieds dans les airs !

C’était la plus belle journée de la saison

Dimanche, 9 octobre 2011. Plusieurs mois plus tard, je garde un formidable souvenir de cette dernière journée de voile de la saison 2011 sur le Fleuve. L’air était bon et chaud. Le vent au rendez-vous. Une bonne brise bien stable, sur une mer tranquille. Des conditions idéales pour avoir des invités à bord – Arnaud, fils de capitaine Alain et sa copine Raphaëlle – et en profiter une dernière fois. Nous avons fait une belle sortie de 4 heures, du Parc nautique Lévy vers le sud de l’Île-d’Orléans, puis retour. Quelque 20 miles nautiques et beaucoup de bonheur à bord.

La sortie de l’eau du Great Escape aura été un peu plus corsée le samedi 15 octobre par 30 noeuds de vent, sous la pluie. Enligner le bateau vers le ber qui nous attendait dans la descente, alors qu’un nordet nous poussait de travers; c’était tout un défi. Heureusement que capitaine Alain est habile au moteur. En deux weekends, le bateau était hivernisé, météo oblige à Québec. Je vous promets des photos la saison prochaine.

La saison 2011 aura été somme toute une formidable saison pour Julie à la voile avec le voyage à Saint-Pierre et Miquelon depuis Québec sur Arquebuse, celui au Saguenay sur Great Escape et les nombreuses sorties sur le Fleuve vers Saint-Michel-de-Bellechasse, Saint-Jean-Port-Joli et Neuville. Près de 1700 miles nautiques en une saison; deux fois et demi ce que je fais habituellement en un été.

Great Escape est maintenant au repos, dépouillé de ses planchers que nous sommes allés porter chez parrain Florent pour une remise à neuf. Je vous donne rendez-vous au printemps 2012 pour la préparation estivale. Bon hiver et bon vent !

St-Jean-Port-Joli et la Fête des chants de marins

Mardi 16 août, 12h. C’est dans la brume que nous quittons Tadoussac. Destination: port de refuge de Cap-à-l’Aigle. Pendant trois heures, nous naviguerons dans cette ouate qui a donné quelques sueurs froides au capitaine, puisque Great Escape n’est pas encore équipé d’un radar (je  vous assure que cela fait partie d’un prochain achat).

Alors, on a fait ce qu’il faut en pareille circonstance: nous avons longé la côté, contacté la garde côtière afin de signaler notre position et nous sommes informés du trafic maritime que nous avons suivi sur la radio VHF (les navires signalent de façon périodique leur position sur une voie de travail). Tous nos sens étaient aux aguets. À l’occasion, on arrêtait le moteur pour écouter. La corne de brume du Cavalier Maxim de Croisières AML s’est d’ailleurs bien fait entendre de l’autre côté de l’Île-aux-Lièvres. Ça résonnait et ça avait l’air tout proche même à plusieurs miles nautiques.

Jusqu’à Cap-à-l’Aigle, nous profiterons à nouveau du magnifique spectacle des phoques et des rorquals (capitaine Alain en a vu un superbe plonger dans la brume; la preuve qu’elle n’était pas si épaisse ;-)), de même que des bélugas, surtout lorsque la brume s’est dissipée. De  belles grosses tâches blanches qui sortaient de l’eau ici et là. On ne pensait pas en voir si en amont du Fleuve. Faut dire que l’eau était d’un calme plat ce qui facilitait le repérage.

Mercredi 17 août, 14h15. Profitant du montant, nous quittons le port de refuge de Cap-à-l’Aigle pour St-Jean-Port-Joli. On ne veut surtout pas manquer la 13e édition de la Fête des chants de marins qui débute le lendemain pour tout le weekend; depuis le temps qu’on veut y assister. On annonce un peu de vent, du sud-ouest. Malheureusement pour nous, il s’agit encore d’un vent de face qui nous obligera à faire route à moteur pour la très grande partie du trajet. L’avertissement de vent fort n’est prévu que le lendemain matin et ce, pour quelques jours. Il nous faut donc partir de Cap-à-l’Aigle si nous ne voulons y être retenus. Au large de Cap-à-l’Aigle, le vent se lève un peu. Nous profitons donc de ce petit vent pour monter (enfin) les voiles pour une heure ou deux, le temps de tirer quelques bords de près.

La traverse St-Roch est représentée par le point 10 sur la carte (source: Les Secrets du Saint-Laurent, Service météorologique du Canada)

17h30. Juste avant notre entrée dans la traverse St-Roch, afin de passer de la rive-nord à la rive-sud du Fleuve, voilà qu’un vent du sud-ouest se lève. Vingt-cinq à 30 noeuds bien comptés ! La traverse St-Roch est un passage orienté sud-ouest, peu large et peu profond, avec des hauts fonds de chaque côté. Étant donné sa configuration, il s’y crée de très forts courants de marées. Imaginez en effet toute cette eau – on parle de marées d’une douzaine de pieds dans cette région – qui doit passer dans ce tunnel en quelques heures. Inutile de préciser qu’il faut naviguer la traverse dans le sens du courant, ce que nous avons fait. Or, lorsqu’un vent opposé à la marée se lève – comme ce sud-ouest que nous avons connu avec une marée montante – la mer devient en un rien de temps complètement désorganisée. Des vagues de 3 à 4 pieds cassent alors notre erre. Parfois ces vagues montent jusqu’à 8 pieds ! Tout ce qu’on voit alors, c’est la proue du bateau monter de façon impressionnante le long de ce mur d’eau, puis replonger.  J’ai laissé à quelques reprises mon coeur en haut de ces vagues ! Malgré cette mer, on arrive tout de même à faire 6 à 7 noeuds sur le fond; le courant y est tellement fort qu’il nous entraîne. Une fois engagé dans la traverse, on n’a peu d’alternatives. On peut donc dire que nous faisons maintenant partie des marins qui se sont fait un peu brassés dans la traverse. Le seul endroit où j’étais bien sur le bateau, c’était à la barre. Tiens-bien le cap qu’on en finisse, que je me suis dit. On est bien arrivé à St-Jean-Port-Joli un peu avant 20h. L’accueil chaleureux de Benoît, le maître-de-port, nous a – comme toujours – réconfortés. On était bien heureux aussi de revoir Alain, le directeur de la marina. Il a toujours plein d’histoires intéressantes à raconter celui-là…

Et puis, les chants marins nous attendaient. Pendant quatre jours, la marina est pleine de voiliers et tout le village est en fête. Une occasion d’échanger avec plein de gens et de prendre contact avec une autre vie maritime. Nous avons particulièrement apprécié le spectacle d’ouverture lors duquel chaque groupe présente une pièce à tour de rôle. Cela nous permet d’apprécier tout le talent réuni. Il y en avait d’un peu partout dans le monde: du Québec mais aussi de la France, de la Pologne, de l’Angleterre. Au programme également: des conférenciers et des danseurs qui se sont produits sur le bord du Fleuve (le spectacle À ciel ouvert 2011 de la chorégraphe Chantal Caron). Vendredi soir, on a aussi eu droit en prime à une visite surprise de ma cousine Nathalie et de son amoureux Patrick. Ils sont arrivés sur Great Escape avec les côtes levées et la fondue au chocolat. Tout cela était délicieux et la bonne compagnie, au rendez-vous.

Samedi 20 août, 5h30. C’est avec regret que nous quittons St-Jean-Port-Joli alors que la Fête des chants de marins bat son plein. Le départ de la Régate Eustache-Anctil – un des événements phare de la Fête – sera donné dans quelques heures. Nous devons en effet mettre le cap sur St-Michel-de-Bellechasse, d’une part parce que des retrouvailles avec l’équipage de la Petite traversée sur Arquebuse sont prévues ce soir-là (pour l’histoire de la Petite traversée, voir la rubrique Destination St-Pierre et Miquelon de mon blogue). D’autre part puisqu’il nous faut faire tranquillement route vers notre port d’attache; les vacances tirent à leur fin. Nous profitons donc de cette dernière soirée de festivités avec capitaine Marcel et Nicole d’Arquebuse, de même que premier officier Martin A. et Annick qui sont venus nous retrouver pour l’occasion. Grand chef Martin G. et Marie-Hélène nous ont accueillis sur leur voilier Phocea avec leurs deux beagles. Nous aurons droit ce soir-là aux pâtes fraîches à la primavera de Grand chef Martin A. Oui, je sais, vous attendez toujours les recettes de Grand chef. Sachez que je le talonne régulièrement. À la suggestion d’Annick, on couronnera la soirée d’une gelato chez Glaces et délices; fallait bien se sacrifier.

Dimanche 21 août, 11h30. Great Escape entre au Parc nautique Lévy après un périple 300 miles nautiques parcourus en deux semaines; retour à la vie urbaine pour capitaine Alain et moussaillon Julie oblige. Merci du fond du coeur de nous avoir suivis. À bientôt j’espère pour d’autres aventures de Julie à la voile. Et bon vent !